CBRKL : l'odyssée version waterzooi

Photos de vos motos
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Erchael
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CBRKL : l'odyssée version waterzooi

Message par Erchael »

Je commencerai par vous prévenir : il n'y a pas encore de photos, non par timidité excessive (comme devrait le démontrer l'existence même de ce sujet) mais par pure fainéantise ; attendez néanmoins avant de me lapider : le pourquoi devrait devenir plus clair par la suite, d'autant que les plus attentifs auront relevé le "pas encore" donc il y a de l'espoir de ce côté là pour les prochains jours. ;)

Mais alors me direz-vous, pourquoi lancer dès à présent ce sujet en l'absence de ce qui fait sa raison d'être : des photos? C'est seulement que je veux marquer ce jour si particulier et le retour mémorable de la concession à mon domicile tant que tous les détails en sont encore frais dans mon esprit. Attendez-vous à un souffle épique, à des actions héroïques, à des sauvetages improbables ou, en leur absence et plus réalistement, à une succession de boulettes digne d'être commémorées.

J'étais naturellement impatient de prendre possession du bicycle et j'avais même failli passer le prendre samedi avant qu'un ensemble de facteurs, incluant dans le désordre le fait qu'elle ne serait assurée qu'à partir de ce mercredi, la torsion complète du sélecteur (contre ma cheville, sisi...) durant un petit test hors de la voie publique -ben oui, j'étais quand même passé la voir chez le concessionnaire- au cours duquel mon gant hiver de prêt coinça l'accélérateur si bien que je dus retenir la moto par les oreilles et les pattes à la fois pour éviter d'emplafonner le véhicule complaisamment garé à un mètre de là, qu'un ensemble de facteurs donc me pousse à me dire que peut-être ce n'était pas trop mon jour et qu'il valait mieux me montrer raisonnable.

Ce qui nous amène à cette joyeuse, agréable même si un peu frisquette et surtout, pluvieuse journée de mercredi. Je devais terminer ma journée de travail un peu plus tôt -vers 16h30-, ma femme était supposée me prendre au passage pour me déposer aussitôt au garage et moi me retrouver aussi sec (ahah) de retour chez moi. Ça c'était la théorie : succincte, efficace, carrée ; la mise en pratique, elle... je vous laisse en juger.

Après une journée plus ou moins passée en tenue moto (train, sac à dos et voiture chargée d'enfants ne faisant pas bon ménage avec un équipement à trimbaler autrement que sur soi), j'apprends que ma femme aura du retard comme elle avait décidé en dernière minute de passer chercher des affaires chez une amie et que cela avait duré plus que prévu ; petit retard sans conséquence donc s'il n'était un second impondérable : une circulation à l'arrêt sur quasi tous les axes du centre-ville, en partie du fait d'une pluie glacée et persistante qui n'avait cessé d'hydrater nos riantes contrées et leurs routes défoncées depuis la veille.

Qu'à cela ne tienne, je chope mes affaires et après un footing de deux kilomètres entrecoupé d'appels téléphoniques destinés à trianguler la position d'une voiture tentant de se maintenir en mouvement dans des embouteillages et testant avec un grand enthousiasme toutes les voies sauf celles qui auraient pu la rapprocher du piéton qui la pourchassait frénétiquement (je peux de ce fait vous confirmer que l'influence de l'équipement sur la vitesse de pointe du motard est très surévaluée -en tous cas lorsqu'il est à pieds-), je parviens à agripper une portière suffisamment longtemps pour me hisser à bord... et me demander aussitôt pourquoi je n'ai pas continué de même au vu de l'allure gastéropodique de notre véhicule.

Tandis que la nuit tombe, je crains de voir mes espoirs de récupérer ma moto rejoindre dans les rigoles de l'oubli les longues traînées aqueuses qui dévalent notre pare-brise quand un coup de chance (statistiquement probable néanmoins) fait dévier ma femme de la route prévue et prendre une direction orthogonale à celle que nous aurions dû suivre. Une chance disais-je car au terme de longs et méandreux détours, cet itinéraire improbable nous fit troquer les bouchons pour une circulation certes dense mais roulante et me permit d'arriver à 10 minutes de la fermeture du garage pour enfin m'approprier ma tricolore.

Nous effectuons donc -enfin- notre galop d'essai après une rapide traversée de la route facilitée par le civisme et la courtoisie de mes concitoyens (oui, c'est ironique, vous en doutiez?;)) en vue de rejoindre une station essence toute proche, le -vraiment- généreux litre de carburant de mon réservoir, qui m'aurait largement autorisé un aller-retours entre la concession et mon domicile, me semblant néanmoins un peu léger face au poids accablant de mon karma de ces derniers jours.

Après avoir réussi 1) à monter la bordure sans me prendre un avaloir dissimulé par le niveau de l'eau en bordure de route ; 2) à slalomer entre les taques de remplissage astucieusement placées par un architecte dont la femme avait dû partir avec un motard ; 3) à sortir mon portefeuille -et surtout ma carte de banque- avec les gants comme je craignais que la pluie m'empêche de les renfiler correctement si je les enlevais, j'ai ainsi pu remarquer la pancarte "plus de carburant" accrochée à la façade de l'établissement. Un processus inverse me permit après quelques expectorations destinées à me réchauffer (et nullement à nuire à la réputation de quelconques individus de la famille du propriétaire des lieux) de reprendre ma quête de carburant et de trouver quelques kilomètres plus loin une pompe qui proposait effectivement de l'essence, elle...

Pendant ce temps, la pluie continuait de tomber et le casque que j'avais initialement et naïvement laissé entrouvert de se couvrir de mille perles de pluie étincelantes sous la douce -et parfois xénonique et pour le coup moins douce- lueur des phares... dont une partie non négligeable à l'intérieur dudit casque ainsi que je m'en aperçus dès que je voulus le fermer. Confronté au choix cornélien entre rouler dans un monde d'un impressionnisme kaléidoscopique mais confortable ou dans un monde d'un réalisme cartésien mais à la froide logique (et pluie surtout!), je choisis la solution la plus sûre (pour la moto en tous cas) et décidai de rouler le reste du trajet visière relevée.

Mes pneus paraffinés (et pas raffinés) se comportant de très honorable manière sur le tissu frankensteinien de nos pistes, pardon routes, belges, c'est donc avec une joie sans partage que je goûtai au plaisir des baquets d'eau et du grésil aux vitesses faramineuses -et maximales pour un début de rodage d'après le constructeur- de 70, puis 80 à l'heure. Fier comme un coq (mouillé mais coq quand même), je naviguais avec prestance (j'étais assis dans le bon sens sur la selle) au milieu du trafic tel un navire fendant les flots (sauf que généralement, le navire donne l'impression d'aller plus vite que les flots...) lorsqu'à l'occasion d'une vague un peu plus appuyée que les autres (un camion se rabattant sur ma bande en négligeant la possibilité qu'elle puisse être occupée, en l'occurrence par moi), le marin qui est en moi ne put s'empêcher de se rappeler -un peu tard- avoir oublié sa bouée métaphorique : fixer de quelconques dispositifs destinés à rendre plus visibles son casque (noir), sa veste (noire), ses bottes (noires) ou ses gants (noirs sans grande surprise pour le lecteur attentif que vous êtes).

C'est donc avec le même état d'esprit que le marin apercevant la lueur du phare, annonciateur du port mais surtout des rochers qui l'entourent, que j'accueillis la douce lumière bleue et les hululements qui signalent si souvent à nos sens défaillants la présence de nos chères (financièrement parlant en tous les cas) forces de l'ordre. Heureusement, tel un naufragé scorbutique accroché à sa planche de bois vermoulue, je fus ignoré par le puissant vaisseau de la force régalienne (y compris en ce qui concerne l'espace que je supposais pourtant occuper suite à des relevés trigonométriques aussi complexes qu'inutiles).

Poursuivant ma route, j'atteignis finalement les multiples ronds-points chers à nos élus (et encore plus chers pour leurs administrés) annonciateurs de la commune qui s’enorgueillirait certainement de me compter parmi ses habitants si elle savait compter, bref de mon chez moi. Après avoir réussi l'exploit de contenir ma puissante machine *toussotte* en deçà des limitations de vitesse que la présence d'une boîte grisâtre et cyclopéenne ne pouvait manquer de rappeler, je pus traverser la route afin de mener mon fier et analogique voilier jusqu'à son ponton d'amarrage, qui pourrait être matérialisé dans une version plus terre-à-terre des événements de la journée par la porte d'un passage latéral et le susdit et pourtant successif passage.

Et, tandis que je franchissais le cap de la porte, une pensée victorieuse passait la barrière de mon inconscient pour éclater telle le final d'un feu d'artifices grandiose : "ha! même pas une éraflure!" (oui, mon inconscient est plutôt prosaïque) dans le même temps qu'un crissement sinistre retentissait : le bruit de la honte la plus absolue, de la trivialité déplacée, de l'échec aux portes de la gloire (et de mon domicile) : celui d'un rétroviseur contre le mur peint de blanc du passage...

J'espère que ce petit récit vous aura quelque peu distrait ou en tous cas, fait oublier l'absence de photographies (ou endormi mais le résultat reste le même ;)) mais si vous avez des idées pour enlever des traces de peinture d'un revêtement de rétroviseur afin qu'elles ne soient pas aussi durables que ma honte, je suis preneur! :D
lechasseur32
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Re: CBRKL : l'odyssée version waterzooi

Message par lechasseur32 »

Excellent !
C'est très bien rédigé.

Pour la peinture, tu peux essuyer un chiffon doux avec un peu d'essence ou de White spirit, sans appuyer.
125CBR 2006
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Riri38
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Re: CBRKL : l'odyssée version waterzooi

Message par Riri38 »

3989 3729 Superbe récit
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hamois
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Re: CBRKL : l'odyssée version waterzooi

Message par hamois »

Effectivement, tu devrais écrire plus souvent !! En te lisant, on en arriverait presque à souhaiter qu'il t'arrive ce genre de choses plus souvent pour en profiter après (mais non, je blague !)
Pour les "traces du forfait", comme les copains, un peu d'essence F ou de white spirit sur un chiffon devrait remédier à ça (pas d'acétone surtout, au risque de voir ton rétro rejoindre les montres molles de Dali dans un musée)
Vivement les beaux jours, non ?
Etre vieux, c'est juste être jeune depuis plus longtemps que les autres

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sandokan
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Re: CBRKL : l'odyssée version waterzooi

Message par sandokan »

Bien écris mais quand j ai vu la longueur du texte ...j ai ete chercher une mousse et des substantifs pour apéros pour arriver au bout de l histoire :mrgreen:
Merci à toi 3729
et j ai fini les cacahuètes 492
Définitivement Var et retraité heureux sur 2roues pas encore de déambulateur
blackdog
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Re: CBRKL : l'odyssée version waterzooi

Message par blackdog »

Salut collègues,
En effet,quand c'est si bien raconté,ça se passerait (presque) d'images,
2296
ET 3729 pour nos "bonnes" routes, et ce superbe climat... je confirme,c'est sport 492
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